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Histoire

Le nom de famille

Selon l'armorial valaisan de 1984[1], la famille Dorsaz (ou Dorschatz) s'appelait "Blonai" dans un premier temps. Cette famille provenait du village "d'Orchaz" (peut être l'actuelle Orsia?) dans la vallée de Gressoney dans le Val d'Aoste en Italie. En 1491, c'est la première fois que le nom "Dorsaz" est fixé (par un certain "Antoine") dans la commune Bourg-Saint-Pierre.

La famille s'est ensuite ramifiée dans l'Entremont et le Valais Central. Une branche de la famille Dorsaz a reçu la bourgeoisie de Sion dès le XVIe sciècle ; elle s'est éteinte en 1860.

Le nom "Dorsaz" connait plusieurs déclinaisons ; on peut trouver les orthographes: Dorschatz, Dorsaz, Dorschaz, Dorscha, Dorchat, Dorzat, Dorsat, Dorsa, d'Orchaz ou encore d'Orsa.

Quelques Dorsaz "notables"

Dans les armoriaux

Il est intéressant de voir que les Dorsaz retenus par les auteurs de Armoriaux valaisans sont principalement des politiciens, des ecclésiastiques ou des militaires. En voici quelques uns:

L'inventeur de la bombe asphyxiante

Voici un extrait d'une lettre datée du 6 avril 1685[3] de Roland Jachiet, seigneur du Pré, résident de France à Genève (c'est-à-dire un représentant diplomatique du roi de France en pays allié) à destination de Charles Colbert, marquis de Croissy, secrétaire d'état des affaires étrangères ainsi que de Michel le Tellier, marquis de Louvois, organisateur de l'armée française. Elle parle de ce Dorchat, inventeur d'une bombe asphyxiante:

Il sait faire en quatre heures de temps et à très peu de frais la composition d'une liqueur, la quelle dez qu'elle est à Vair exalle une fumée si épaisse et de si meschante odeur qu'il est impossible que ceux qui en sont proches ne désertent. Il prétend que rien ne seroit d'une plus grande utilité pour jetter par le moien d'une bombe dans un vaisseau ou dans une tranchée où il seroit difficile que la confusion ne se mist. On en pouroit aussy jetter dans quelque ocasion au milieu des troupes qui seroient infailliblement obligées d'abandonner leurs rangs et de se renverser les unes sur les autres. Cette fumée se produit de la liqueur mesme sans le secours du feu, ny d'aucune autre matière préparée, et elle dure fort long temps.

Il a le secret de s'expliquer et d'entendre ce qu'on luy veut dire tant la nuit que le jour d'aussy loing que la veûe peut porter. Ce qui se fait par le moien de quelques signaux dont il faut auparavant convenir avec la personne à qui l'on veut parler.

Il sait pointer le canon d'une manière que dans un rang il peut choisir celuy des cavaliers qu'on luy marquera. Il a la mesme justesse à se servir du pistolet et du fusil, ne manquant jamais de donner dans la sibe.

Il a fait devant moi l'expérience de tout ce que dessus à la réserve de ce qu'il promet de faire avec le canon.

On ne connait pas son nom, mais il semblerait qu'il était soit le neveu, soit le fils du capitaine Thomas Dorchat. Il semble que cette information était relativement peu mise en avant. En effet, père/oncle et fils/neveu ont travaillé pour des "camps opposés" : Thomas a combattu pour Christine de France (duchesse de Savoie et soeur de Louis XIII) alors que l'inventeur de la bombe asphyxiante était incorporé dans la compagnie de Rheinholtz au service du roi de France, et donc indirectement, pour Richelieu, lequel n'aimait pas la duchesse.

Pour plus d'informations, consultez l'article rédigé par J.-B. Bertrand (1920)[4] pour les Annales valaisannes.

Pierre-Nicolas Dorsaz et Napoléon

Certainement le Dorsaz le plus proche de la "grande histoire". Il aurait guidé Napoléon Bonaparte de Bourg-Saint-Pierre au Col du Grand-Saint-Bernard et lui aurait sauvé la vie pendant l'ascension. Une page wikipédia[5] lui est dédiée. Elle dit:

Pierre Nicolas Dorsaz serait né en 1773.

En 1800, le Premier consul Napoléon Bonaparte, récemment rentré d'Égypte, lance la deuxième campagne d'Italie contre les Autrichiens du maréchal Melas, qui viennent de reprendre le contrôle du pays en son absence. Son plan consiste à franchir les Alpes pour surprendre l'armée adverse. Arrivé le 20 mai au village de Bourg-Saint-Pierre, au pied des montagnes alpines, Bonaparte réclame un guide pour le conduire, lui et son armée, jusqu'à l'hospice du Grand-Saint-Bernard. Pierre Nicolas Dorsaz, alors âgé de 27 ans, lui est présenté. Après des salutations sommaires, le consul grimpe sur la mule qu'il a fait louer auprès du montagnard et ordonne l'ascension du col. Dorsaz, qui croit avoir affaire à un simple capitaine, marche à côté de lui.

L'ascension se déroule bien, malgré le temps exécrable qui règne ce jour-là. En franchissant l'étroit défilé de Sarreirenote, la mule de Bonaparte butte contre un rocher et menace de basculer dans le précipice avec son cavalier. D'une poigne de fer, Dorsaz retient le futur empereur en saisissant un pan de son manteau tout en redressant la mule par la mors, lui sauvant ainsi la vie. Dès ce moment, Napoléon, jusque-là silencieux, engage la conversation avec le montagnard qui lui apprend qu'on le paye trois francs en tant que guide, une somme insuffisante pour lui permettre d'acheter sa maison et de se marier. Bonaparte veut le gratifier pour son acte, mais Dorsaz, sitôt arrivé à l'hospice, aurait disparu sans laisser de traces.

Ce n'est qu'en 1801 que Napoléon fait parvenir à son ancien guide la somme de 1 200 francs. Dorsaz ayant entre temps acquis sa demeure, il reçoit la somme « en récompense de son zèle et de son dévouement ». L'historien Jean Tranié soutient néanmoins que le consul aurait récompensé le guide dès son arrivée à l'hospice. Pierre Nicolas Dorsaz épouse Éléonore Genoud un an plus tard, en 1802. Il décède en 1843.

Héraldique

Contrairement à d'autres régions d'Europe, en Suisse, les armoiries n'étaient pas exclusivement dédiées aux familles nobles. En Valais, toute famille qui en ressentait l'envie pouvait se constituer un blason. La famille Dorsaz figure dans les armoriaux valaisans depuis sa première édition (celle de 1868[6]). Dans cet ouvrage ont été recensés plus de 500 blasons de familles valaisannes "dont des membres, en raison des charges qu'ils ont occupées, ont pu se trouver dans le cas d'apposer leur sceau ou cachet au pied d'un acte officiel."

Les blasonnements

Le blason Dorsaz connait plusieurs déclinaisons différentes. Les deux blasonnements (c'est à dire, la description des armoiries de la famille) principaux qui figurent dans le tome II de l'Armorial Valaisan[7] de 1984 sont :

  1. De gueules à une bande d'or, au chef d'argent chargé d'une patte d'ours au naturel mouvant de la partition et tenant un arbre arraché de sinople posé enfasce, les feuilles à sénestre.

    On peut "traduire" ce blasonnement de la manière suivante: le blason est découpé horizontalement en deux. Fans la partie du bas, le blason est coupé en diagonale en trois parties, une rouge (gueule), une jaune (or) et une autre rouge. Au sommet, sur fond blanc (i.e. chef d'argent), il y a une patte d'ours dans sa couleur "naturelle" qui "sort" de la zone inférieure (mouvant de la partition). Ce dernier tient un arbre arraché de couleur verte (sinople) à l'horizontal (posé en fasce) avec les feuilles sur la droite du blason (posé à sénestre). Notez que "posé à sénestre" indique que les feuilles de l'arbre doivent être à gauche du porteur de l'écu (et donc à la droite de celui qui le regarde).

  2. Le blasonnement alternatif décrit dans l'armorial valaisan de 1984 est décrit de la manière suivante: "Variantes : en chef une main d'homme, l'arbre retourné; en pointe un bandé de gueules, d'or et d'azur.". Le blasonnement complet de cette variante serait donc: Bandé de gueule, d'or et d'azur, au chef d'argent chargé d'une main d'homme mouvant de la partition et tenant un arbre arraché de sinople posé enfasce, les feuilles à dextre.

    Ainsi, on peut décrire ce blason en disant que, à nouveau, ce dernier est découpé horizontalement en deux parties : celle du bas est découpé en 6 bandes diagonales, ces bandes sont rouges (gueule), jaunes (or) et bleues (azur). La partie du haut est sur fond blanc (argent).

    C'est cette variante qui figure dans le premier armorial valaisan, l'Armorial historique du Canton du Vallais (oui oui, avec deux "l") par M.J.E. d'angreville.

Quelques blasons

N'étant pas sûr au niveau des droits de reproduction des blasons présentés dans les armoriaux de 1974 et 84 ; je pose ici une interprétation personnelle suivant les indications du projet blason de Wikipédia. Ces représentations sont sous licence creative commons CC BY-NC-SA 4.0. Vous pouvez donc les utiliser ailleurs, ou même les modifier à condition que ces images ne soient pas utilisées à des fins commerciaux, que vous citiez son auteur (voir le pied de page) et que vous partagiez vos créations utilisant le blason sous la même licence.

Deux représentations personnelles

Blason classique

Voici une représentation qui correspond au blasonnement classique de la famille Dorsaz.

Blason avec main humaine

Voici une représentation qui correspond au blasonnement alternatif présenté dans la description ci-dessus.

Une autre variante

Blason avec chef d'argent plus grand

Voici une autre représentation alternative. On voit que le sommet blanc (d'argent) du blason recouvre bien plus de surface. C'est un blason similaire qu'on retrouve dans l'armorial valaisan de 1868[8]. On trouve ce blason comme seau sur une lettre datée de 1656.

Le blasonnement correspondant est présenté dans l'armorial de 1946[9] comme quatrième alternative au blason d'origine. Il y est décrit comme: d'argent à la pointe écîmée d'or chargée de deux bandes l'une de gueules, l'autre d'azur, à la main de carnation issant de la pointe et tenant une branche de sinople contournée en fasce.

La plus ancienne représentation

C'est la plus ancienne représentation du blason "Dorsaz" que nous ayons. Cette reproduction figure dans l'armorial Valaisan de 1946[10]. Elle retranscrit un blason sculpté sur une pierre aux initiales H.T.D. (sûrement un Hildebrant Dorsaz) datant de 1640. On peut voir ici que la patte d'ours tient un rameau et non un arbre.

Sources